Résumé :
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"Il n'y a rien de plus beau que les histoires vraies", comme l'indique l'affiche du film. Partant de ce principe, Bertrand Tavernier s'est librement inspiré des souvenirs du scénariste Jean Aurenche et du réalisateur Jean Devaivre pour brosser le tableau du cinéma français des années sombres de l'Occupation, sous tutelle allemande. D'où un film foisonnant, à la fois didactique et romanesque, instructif et lyrique, comme le réalisateur du Juge et l'Assassin et de Capitaine Conan en est coutumier. En s'appuyant sur une pléiade de comédiens – magnifiques jusqu'au moindre second rôle – pour la plupart issus du théâtre, Laissez-passer est un film sensible et passionnant. Qui n'élude pas les questions : que faire sous l'Occupation quand on travaille pour la Continental, cette compagnie de production française dirigée par des Allemands ? Y aller ? Refuser les offres de travail ? Quels types de films monter ? Résister ? Toute la force du propos de Tavernier réside dans l'attention qu'il porte à ces dilemmes et à la pluralité des cas de figure. Certes, on pourra toujours s'agacer devant les leçons de morale civique que ne manque pas d'assener çà et là le réalisateur de Coup de torchon. Reste que pour le brio de ses dialogues, le lyrisme de sa mise en scène, la véracité de son scénario et la fabuleuse galerie de portraits qu'il dépeint, il s'agit là d'une fresque exceptionnelle. Mieux : une déclaration d'amour au métier et à ceux qui l'exercent, qui a valu à Jacques Gamblin un prix d'interprétation à Berlin, festival qui a également couronné la partition d'Antoine Duhamel en 2002.
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