Résumé :
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Bismarck, accoucheur de la nation allemande, forgeron de l’empire, ces représentations fondent, nous l’avons vu, le mythe dont il est entouré et qui se déploie à partir des années 1890. C’est également durant cette période que le « vieux du Sachsenwald », devant les représentants d’associations diverses, multiplie les déclarations nationalistes affirmant alors qu’il existe une « communauté nationale » fondée sur l’existence d’une culture commune. Incontestablement, Bismarck veut alors rester dans l’histoire comme le forgeron, le Roland allemand. Mais sa politique et ses convictions ont-elles été celles qu’il prétend afficher à la fin de sa vie dans un contexte de mythification de sa propre personne ?
Tout un courant historiographique a alimenté ce mythe en analysant l’œuvre politique de Bismarck sous le seul angle de la construction nationale. Cette tradition commence du vivant même du chancelier ; on en trouve une expression récente dans les ouvrages d’Otto Becker, mais c’est dans la biographie d’Arnold Oskar Meyer qu’elle atteint son expression la plus achevée. Celui-ci affirme que l’ensemble de l’œuvre de Bismarck a été inspiré par un dessein national qui trouve ses racines dans sa foi luthérienne profonde et dans son absolue fidélité à la monarchie. D’autres auteurs insistent en revanche sur une inflexion majeure dans ses convictions comme dans son œuvre nationale, qu’ils datent généralement de la victoire sur l’Autriche de 1866. Tous s’interrogent toutefois sur la nature du nationalisme bismarckien…
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