Résumé :
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La conscience de la mort n’a pas toujours existé. Elle est née un jour, lorsque des hommes ont été en mesure de prendre acte de leur propre mortalité. La mise en place de rites funéraires signe cette évolution et marque, du point de vue anthropologique, le début d’une civilisation. La conscience de la mort a en effet des répercussions sur la cohésion sociale d’un groupe. On aimerait avoir accompli quelque chose, afin de laisser une trace après sa mort ; et les vivants cherchent à s’unir pour mieux se défendre des ennemis qui pourraient causer leur mort. Les rites funéraires, quant à eux, contribuent à la cohésion des survivants comme à faire le deuil de la personne défunte. Selon l’ethnologue Arnold Van Gennep, on peut constater des récurrences entre les civilisations : le décès qui marque la séparation d’avec un individu ; le rite de vérification et de l’annonce de la mort ; la veillée funèbre et l’accompagnement du corps du défunt jusqu’à sa sépulture.
On date les premiers rites funéraires de l’époque du Paléolithique inférieur, avec le gisement de la Sima de los Huesos en Espagne. En Israël, la sépulture El Tabun date de l’homme de Néandertal, existant 120 000 ans plus tôt, et dans la grotte de Qafzeh, on a retrouvé des traces de corps datant d’il y a 100 000 ans. On peut y constater que l’on prenait grand soin des dépouilles. Mais à partir du Néolithique les structures funéraires sont plus élaborées. En Mésopotamie, le cimetière royal d’Ur, qui date du xxvie siècle avant J…
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